Street’s art Toulouse

Pour sa sixième édition, le festival Mister Freeze propose une exposition XXL d’œuvres créées in situ, réunissant toutes les disciplines de l’art urbain, de la sculpture au graffiti. Balade en images au sein de l’édition 2018.

L’immense baleine de Veks surveille de tous ses yeux les couleurs qui l’entourent. Sur tous les murs ou presque, des fresques XXL illuminent l’entrepôt. A Montaudran, dans l’est de Toulouse, les anciennes halles Latécoère, autrefois berceau de l’aviation française, sont aujourd’hui désertées. De ce glorieux passé ne restent que les imposantes poutres métalliques, donnant un beau cachet à ces ateliers, qui reprennent vie une fois par an pour accueillir le festival Mister Freeze. Depuis 2013, lors du dernier week-end de septembre, c’est devenu LE rendez-vous street art de la rentrée.

Transmusicales de l’art urbain

On y trouve du beau monde : peu de noms ronflants, mais toujours des découvertes et des confirmations. Une sorte de Transmusicales de Rennes de l’art urbain, qui toujours explore mais jamais n’oublie ses racines. Ce pari un peu fou, né dans des entrepôts frigorifiques (qui lui ont inspiré son nom), est une exposition géante et gratuite pour le public, où les artistes peignent pour la gloire. Des bases saines, posées par les organisateurs, activistes de longue date du mouvement graffiti local. Ils ont invité une trentaine de street artistes à investir les lieux. Et cette année, pas seulement les murs. Petite visite forcément sélective de l’édition 2018.

Hopare, au festival Mister Freeze 2018.

A l’entrée des halles, on est accueilli par un beau portrait féminin signé Hopare. Un style labellisé qui fait son succès depuis quelques années, mais que le Parisien, Alexandre Monteiro de son vrai nom, fait ici évoluer en travaillant le fond, pour lui donner une force intéressante.

Autres invités réputés : le peintre tatoueur Veks et sa baleine échelle 1, donc, mais aussi Philippe Baudelocque, qui a investi un grand mur à l’intérieur de l’espace Cobalt, troisième bâtiment qui abrite le festival. Son éléphant cosmique, dessiné à la craie, a fait le bonheur des photographes le soir du vernissage.

L’éléphant cosmique de Philippe Baudeloque.

Les découvertes

Dans l’entrée de l’espace Cobalt, le mur cartoon écolo d’Abys, tout jeune Nancéien qui signe une luxuriante fresque sur le réchauffement climatique, peinte avec une invraisemblable facilité en deux jours à peine.

La fonte des glaces vue par Abys.

Juste à côté, dans un petit box timide, JC Earl prend la tangente de l’art urbain. Céramiste de formation et graffeur invétéré, il fusionne ses passions dans ses bombes aérosol aux influences art brut particulièrement pop. Un artiste à suivre.

Ceramic Cans, JC Earl, 2018.

Bling-bling

Autrefois créateur de la marque streetwear Bullrot, Julien Soone décroche la palme du stand le plus bling-bling du festival, avec un grande torii japonais à l’entrée, et des œuvres puissantes dans le fond : des tableaux en faïence qui croise l’art nippon, l’univers du graffiti et le tatouage, dans un style haut en couleur, à l’image de leur créateur.

Julien Soone, festival Mister Freeze 2018.

La prime au spectaculaire

Pour occuper l’espace et stimuler les artistes, le festival leur a également demandé cette année des installations, dont le gigantisme assure le spectacle. L’impressionnant géant de bois recyclé du duo Anton et Teurk, la boîte noire (une œuvre immersive avec rampe de BMX intégrée) de Reso, l’un des co-organisateurs ; ou le Pinocchio de Monsta, artiste qui travaille autour de l’art enfantin, en sont de fiers représentants.

Monsta donne le dernier coup de pinceau à son Pinocchio, festival Mister Freeze 2018.

Vandale un jour…

L’installation la plus originale est tapie au fond d’un hangar. Les Berlinois de Rocco and His Brothers donnent un coup de folie à l’édition 2018, en emmenant plus loin le graffiti avec une installation radicale qui mêle vidéo, crucifix au néon et vitraux portes de métro. Un triptyque hérétique, avec l’art vandale comme seule religion. « Ils mettent en avant non pas la création, mais le processus de création, totalement hérité du graffiti», résume Nicolas Gzeley, l’un des organisateurs. Ils symbolisent toute la richesse de la palette street art, dont le festival Mister Freeze se fait écho, dans ses matières et ses modes d’expression.

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